Bienvenue dans l'édition 17 de ma newsletter : le fil d'Agathe.
Chaque dimanche à 10h, je vous déroule un fil d'inspiration pour vivre une vie alignée avec qui vous êtes vraiment.
Aujourd'hui, je voudrais vous parler du choix : comment les choix qui ont été faits pour nous façonnent notre vie et comment faire ses choix une fois adulte.
Ce que l’on vient chercher quand on revient

Cette semaine, j'ai participé à un dîner-rencontre entre femmes Viet Kieu. Les Viet Kieu sont les personnes d'origine vietnamiennes qui ont grandi et vécu à l'étranger. Ce qui m'a frappé, c'est à quel points nos ressentis résonnaient entre eux, bien que nous ayons des histoires différentes.
Nous venions d'Australie, d'Allemagne, de France ou des Etats-Unis et nous avons toutes fait le choix de revenir vivre au Vietnam pour se reconnecter à nos origines.
Contrairement à moi, elles avaient grandi avec des parents vietnamiens qui avaient émigré il y a plusieurs années à l'étranger. Elles étaient donc plus immergées que moi dans la culture vietnamienne mais sans pour autant se sentir pleinement connectées à leur identité.
Pour certaines, c'est parce qu'elles sont nées et ont grandi dans un pays étranger, et n'ont jamais vécu au Vietnam et/ou parce que leurs parents réfugiés et traumatisés de la guerre ne leur ont pas expliqué beaucoup de choses.
Nous étions nombreuses à nous sentir honteuses de nos origines quand nous étions enfants. Honte d’être « différente » à l’école. Honte d’avoir des parents qui ne parlent pas bien la langue du pays. Honte d’avoir une apparence physique qui ne colle pas aux normes de l’Occident.
Revenir dans le pays de nos origines, c'est donc en quelque sorte chercher à réparer ce sentiment de honte et se réapproprier ce qui nous a manqué pour enfin l'accepter à l'intérieur de soi.
"Tu comprendras plus tard"

Faire ce choix d'expatriation n'est pas un choix facile car cela signifie aussi embarquer avec soi sa famille, son conjoint et ses enfants, qui eux, ne sont pas forcément liés par les mêmes enjeux que nous.
Deux femmes ont partagé ce dilemme que connaissent beaucoup de parents expatriés : elles ont décidé d’emmener leurs enfants au Vietnam pour leur transmettre cette culture qu’elles-mêmes avaient perdue.
Mais leurs enfants, eux, n’ont pas choisi. Ils ont laissé derrière eux leurs amis, leur confort, leur quotidien. Et aujourd’hui, ils en souffrent.
L'une d'entre nous les a rassurées en leur disant qu'elle aussi, elle avait détesté quand ses parents la forçaient à apprendre le vietnamien ou à pratiquer la culture étant enfant. Mais aujourd'hui, elle les remercie car elle se sent reconnaissante de pouvoir parler la langue et d'avoir grandi avec des éléments de sa culture : "plus tard, ils comprendront et vous remercieront".
Bien souvent, nos parents font des choix pour nous, en voulant faire "notre bien". Ce sont des choix que nous ne comprenons pas forcément quand nous sommes enfants et que nous subissons. Cela peut être un déménagement, un changement d'école ou l'imposition de l'apprentissage d'une langue. Il est très difficile de savoir si ces choix sont les bons car il n'y a qu'avec le recul que l'enfant devenu adulte peut le juger. C'est donc un pari que nos parents font, avec leur histoire, leurs connaissances et le raisonnement qui est le leur.
Et si aucun choix n'était parfait ?
Cela a résonné aussi avec ma propre histoire. Quand ma famille vietnamienne a décidé de me donner à l'adoption, ils l'ont fait en pensant sincèrement que c'était pour mon bien. Ils étaient convaincus qu'avoir l'opportunité de grandir et vivre en France était une chance incroyable à m'offrir. J'étais un bébé, je n'ai pas eu mon mot à dire.
J'ai dû vivre avec les difficultés d'être un enfant adopté : grandir en croyant qu'on m'avait abandonnée, en étant la seule enfant asiatique dans une famille blanche, en me sentant différente peu importe les endroits où j'allais. Ce bagage que je porte est le mien, il n'est pas pire ou meilleur que celui d'autres personnes. Je n'ai pas de regret ou de colère, je ne peux que constater que les choses se sont passées ainsi.
Aujourd'hui, puis-je les remercier d'avoir fait ce choix pour moi ? Difficile à dire. Je n'ai connu que ma vie en France comme étant ma normalité, et on ne peut pas refaire l'histoire à l'envers pour comparer. Si je tente cet exercice de comparaison factice, mon regard est forcément biaisé car c'est ma culture qui influence mon opinion d'aujourd'hui.
Si je tente l'exercice de pensée, je dirais qu'en tant que Française, je suis heureuse d'avoir grandi en France, d'avoir fait les études que j'ai faites et de pouvoir voyager : des privilèges que je n'aurais certainement pas eu en restant au Vietnam. Mais il faudrait que je sois Vietnamienne pour que je mesure pleinement cette chance, avec le point de vue d'un Vietnamien qui rêve de vivre en France, comme mes parents l'ont rêvé pour moi.
Peut-être qu’en restant au Vietnam, j’aurais connu une forme de bonheur différente, celui d’être entourée des miens, ancrée dans un quotidien familier.
Mais quand j’observe la manière dont ma famille idéalise l’Occident, héritage du colonialisme et des imaginaires collectifs, je me dis que j’aurais peut-être aussi ressenti un manque, une frustration de ne pas avoir eu la chance de partir.
Finalement, je crois qu'il n'y a pas forcément de situation meilleure qu'une autre. Mais tant qu'on est persuadé que l'herbe est plus verte ailleurs, on ne peut qu'être malheureux. Peu importe l'endroit où on vit.
Chacun porte son poids, même si on ne le voit pas
L'autre discussion qui a résonné avec mon histoire ce soir-là, c'est ce cliché que les Vietnamiens ont de la vie à l'étranger. Une des femmes disait que les Viet Kieu ayant vécu à l'étranger sont considérés par leur famille restée au pays ou par les Vietnamiens locaux comme des privilégiés et des "riches". Certes, ils ont plus de pouvoir d'achat au Vietnam mais cela fait-il d'eux des gens plus heureux ?
Cette femme témoignait avec émotions des difficultés qu'elle avait traversées en Occident en tant que fille d'immigrée comme la honte ou le racisme. Ce n'est pas un long fleuve tranquille d'émigrer dans un pays étranger, quand on fuit une guerre, quand on se sent déraciné de son pays et qu'on doit travailler dur pour recommencer une vie de zéro.
Finalement, chacun voit les choses de son point de vue. C'est comme si nous avions des difficultés mutuelles à nous comprendre, entre ceux qui sont partis, et ceux qui sont restés.
Ma famille vietnamienne ne pourra jamais comprendre ce que j'ai ressenti en tant qu'enfant adoptée en France. De la même manière qu'il est difficile pour moi de comprendre ce que ma mère vietnamienne a pu vivre, quand elle a fait le choix de me donner à l'adoption, en prenant le risque de ne plus jamais me revoir. Cela a dû être extrêmement difficile pour elle de se rendre compte qu'elle avait été trompée, de ne pas avoir de nouvelles pendant 24 ans et de ne pas savoir, dans tout ce silence, si elle avait fait le bon choix.
Et si on arrêtait de chercher la perfection ?
Dans la vie, il est impossible de savoir si nous faisons les bons choix ou non. Ou en tout cas, pas sur le moment. Ce n’est qu’après coup, parfois des années plus tard, qu’on peut en évaluer les conséquences.
Nos parents aussi ont fait des choix pour nous, avec les moyens qu’ils avaient, avec leurs peurs, leurs espoirs, leurs limites... On peut juger ces choix aujourd’hui, mais eux, à l’époque, pensaient faire au mieux.
Et nous, aujourd’hui, quand on hésite entre deux options, c’est pareil. On fait un pari sur notre futur. On avance avec les informations qu’on a… et la personne qu’on est, ici et maintenant.
Il n’y a peut-être pas de bonne ou de mauvaise décision mais seulement des décisions sincères, prises en conscience, avec les outils du moment.
Pourquoi alors se mettre tant de pression ? On ne peut pas vivre deux chemins à la fois. On ne peut juger qu’après avoir vécu.
Alors autant choisir avec le plus d’alignement possible et se faire confiance pour la suite.

Si ce que je partage vous plaît, il y a 3 manières dont je peux éventuellement vous aider :
1. Recevez mon programme d'auto-coaching "7 jours pour se poser les bonnes questions" et découvrir de nouvelles perspectives sur la manière de construire votre orientation professionnelle.
2. Envisagez un bilan de compétences éligible au CPF pour faire le point sur votre parcours et définir un projet professionnel en phase avec vous-mêmes.
3. Profitez de mes séances de coaching sur-mesure et à prix conscient pour vous débloquer face à un obstacle ou être accompagnés dans la mise en œuvre de vos aspirations.
Enfin : n'hésitez pas à interagir avec moi en cliquant sur le pouce 👍👎pour me donner votre feedback sur cette newsletter et/ou en me répondant directement à cet email. Je réponds à chaque personne qui m'écrit.