Immersions métiers, métiers passion et mythes professionnels : déconstruire nos illusions pour mieux s'orienter

Bienvenue dans l'édition n°28 de ma newsletter : le fil d'Agathe. Chaque dimanche à 10h, je vous déroule un fil d'inspiration pour vivre une vie alignée avec qui vous êtes vraiment.

Aujourd'hui, je vous propose un nouveau format, axé sur les ressources qui m'ont le plus inspirée cette semaine.

A la découverte des métiers avec Ludovic B

J'ai adoré la chaîne de ce Youtubeur, éternel stagiaire de 3ème, qui passe une journée à la découverte d'un métier et en fait une vidéo immersive. 48h avec la police scientifique, une journée avec un conducteur routier ou un pompier de Paris... l'occasion de découvrir ou rédécouvrir des métiers que vous pensiez connaître.

Ces vidéos sont un bon exemple des enquêtes métiers que j'encourage mes clients à faire en transition professionnelle : se renseigner sur la réalité d'un métier en faisant des recherches documentaires, des interviews de professionnels, des immersions terrain. Car c'est en confrontant vos intuitions à la réalité que vous pourrez réellement vous orienter de manière pertinente et réfléchie !

Le piège des métiers "passion"

Faut-il faire un métier qui nous passionne ? J'aurais envie de dire oui, mais pas à n'importe quel prix...

Dans cette interview du média Blast, la journaliste Salomé Sacqué reçoit Anne Claire Genthialon, autrice du livre "Le piège du métier passion".

Comment le métier passion peut-il devenir un véritable piège qui consume plus qu’il n’épanouit, comment en sortir, est-il toujours possible d’avoir un métier passion à l’heure de la flexibilisation du marché du travail ?

Une interview qui tire la sonnette d'alarme, pour nous rappeler de remettre le travail à sa juste place et ne pas sacrifier notre santé mentale pour lui...

Vous pouvez également lire l'interview de l'auteur dans un article sur Welcome to the Jungle.

[...] quand le travail rémunéré est la seule et unique source d’épanouissement et pièce maîtresse de notre identité, c’est quand même remettre une part importante de soi entre les mains d’une entreprise.

5 mythes qui vous sabotent et comment les désamorcer

"Je dois savoir d'abord exactement ce que je veux", "Changer c'est trahir ce que j'ai construit", "Je suis trop vieux / trop jeune / trop installé", "Changer c'est forcément perdre en confort (ou argent)", "Les autres vont penser que je me perds"...

Si ces pensées vous ont déjà traversé l'esprit, ma consœur Hélène Cuney, y répond dans ce post LinkedIn.

Une pétition pour sauver le bilan de compétences

Je vous avais alerté il y a quelques mois sur ce sujet dans cette newsletter, et malheureusement, la situation a empiré. Laissez-moi vous expliquer simplement ce qui se passe et pourquoi c'est important pour chacun d'entre nous.

Le gouvernement prépare actuellement le budget 2026 (c'est ce qu'on appelle le Projet de Loi de Finances). Dans ce document de plusieurs centaines de pages, une mesure passe presque inaperçue : la suppression du financement des bilans de compétences via le CPF, votre Compte Personnel de Formation (c'est l'article 81, page 222 pour ceux qui voudraient vérifier).

Aujourd'hui grâce à votre CPF, vous pouvez financer un bilan de compétences sans avoir à tout payer de votre poche. C'est un droit acquis qui permet à tous, quelle que soit votre situation financière, de prendre du recul sur votre parcours professionnel avec l'aide d'un consultant qualifié. Demain, si cette mesure passe, seuls ceux qui ont les moyens pourront se l'offrir. Les autres ? Ils devront se débrouiller seuls.

L'argument officiel ? Il existerait des organismes de formation frauduleux proposant des bilans de compétences qui profitent du système. C'est vrai, des abus existent. Mais regardons la solution proposée : au lieu de renforcer les contrôles pour éliminer les fraudeurs (ce qui paraîtrait logique), on préfère... supprimer le financement pour tout le monde !

C'est un peu comme si on fermait toutes les bibliothèques parce que certaines personnes volent des livres. On punit les utilisateurs légitimes au lieu de s'attaquer au vrai problème.

Cette décision tombe au moment où les mutations du monde du travail vont imposer à de plus en plus d'entre nous de nous repositionner professionnellement et exposer davantage les personnes les plus précaires.

Une pétition est en cours sur le site de l'Assemblée Nationale. Signer prend littéralement 2 minutes. C'est un petit geste, mais si nous sommes nombreux, nous pouvons faire entendre que l'accès à l'orientation professionnelle ne doit pas devenir un privilège réservé aux plus aisés.

En conclusion

Les ressources que j'ai sélectionnées mettent en lumière une tension centrale dans notre rapport au travail qui me préoccupe beaucoup en ce moment : comment concilier notre aspiration légitime à exercer un métier qui nous correspond profondément avec les contraintes bien réelles du marché de l'emploi actuel ?

D'un côté, pour évoluer professionnellement, il faut cultiver une forme de courage. Celui d'oser remettre en question sa situation actuelle, d'imaginer qu'autre chose est possible, de croire en ses capacités même quand personne d'autre n'y croit. Cette audace, c'est ce petit feu intérieur qui nous dit : "Et pourquoi pas moi ?". C'est cette confiance en soi qui permet de franchir le pas, de postuler à ce poste qui nous fait rêver, de lancer ce projet qui nous tient à cœur, ou de quitter une situation qui ne nous convient plus.

Mais cette audace doit s'accompagner d'une conscience claire de notre environnement. Nous évoluons dans un système économique global avec ses propres logiques : des secteurs en crise, d'autres en expansion, des métiers qui disparaissent, d'autres qui émergent, des inégalités d'accès selon notre origine sociale ou géographique, des forces macroéconomiques comme le chômage structurel, l'automatisation, la précarisation de certains secteurs...

J'aspire à une transformation profonde de notre rapport collectif au travail. Un monde où la rémunération refléterait véritablement l'utilité sociale d'un métier, où une infirmière, un enseignant ou un travailleur social seraient valorisés à la hauteur de leur contribution essentielle à notre société. Un monde où la santé mentale et physique des travailleurs ne serait plus sacrifiée sur l'autel de la productivité et de la performance à tout prix. Un monde où personne ne développerait de burn-out, de troubles anxieux ou de maladies chroniques à cause d'environnements professionnels toxiques qui considèrent l'humain comme une simple ressource à optimiser.

Et pour que ça change, je pense qu'il ne suffit pas de "travailler sur soi" mais de prendre conscience collectivement des dysfonctionnements du monde du travail et agir collectivement pour le transformer.

C'est pour cela que je travaille en ce moment sur deux projets collectifs :

• un cercle de lecture avec quelques amis autour du livre de la philosophe Céline Marty "Travailler moins pour vivre mieux"
• un média collectif pour explorer les solutions qui existent pour repenser notre rapport au travail, et les partager au plus grand nombre

Je vous en donnerai des nouvelles bientôt dans cette newsletter.

C'est tout pour cette semaine ! Je serais curieuse de savoir ce que vous pensez de ce nouveau format ? Est-ce que vous aimeriez que je vous partage des ressources intéressantes plus souvent ?

Dites-le moi en commentaire ou en réponse de ce mail !