Newsletter - Le fil d'Agathe

Qu'est-ce que la vraie richesse ?

Nous devons redéfinir ce que signifie la richesse en lui donnant une acceptation plus large que juste l'accumulation d'argent.
Qu'est-ce que la vraie richesse ?
Dans: Newsletter - Le fil d'Agathe

Bienvenue dans l'édition 16 de ma newsletter : le fil d'Agathe.

Chaque dimanche à 10h, je vous déroule un fil d'inspiration pour vivre une vie alignée avec qui vous êtes vraiment.

La semaine dernière, je vous racontais le contexte de mon adoption, les retrouvailles avec ma famille biologique et comment j'ai petit à petit évolué par rapport à ma propre histoire.

Cette semaine, j'aimerais vous raconter plus en détails ce que j'ai vécu avec ma famille, ce qui m'a marquée, interrogée et les réflexions que j'en retire sur la notion de richesse.


L'abondance autour de nous

Ma famille vit à la campagne, dans les Hauts Plateaux du Centre du Vietnam. Mes parents sont fermiers et agriculteurs. Chez eux, il y'a des oies, des poules et des cochons. Ils font pousser du riz, du poivre, des noix de cajou, du maïs. Dans leur jardin, on trouve aussi des arbres fruitiers (manguiers, jaquiers, goyaviers...) et des légumes qui poussent pêle-mêle.

J'ai pu visiter leurs plantations, goûter une mangue directement cueillie dans l'arbre, participer à la récolte des noix de cajou avec ma mère, voir une de mes belles-sœurs cueillir des épinards pour le repas du soir.

J'ai été impressionnée par toute cette nature qui nous entourait et j'ai eu un sentiment d'abondance. La nature peut prodiguer assez de nourriture pour nous, si nous savons nous en occuper. Malheureusement, nous la maltraitons et plus nos sociétés se développent dans les villes, plus nous perdons contact avec la source de cette abondance ainsi que le savoir-faire pour y accéder.

La nature est abondante. Une immense richesse se trouve sous nos pieds et nous ne nous en rendons pas compte.

Revenir au sauvage

Nous avons été invités, mon compagnon et moi, à aller pique-niquer auprès de la rivière avec ma famille. Nous avons emprunté un petit chemin de terre pour arriver au bord de la rive, où il n'y avait absolument rien : un arbre, du sable, et quelques bateaux.

Mon compagnon était au départ interloqué : qu'est-ce qu'on va bien faire ici ? Cet endroit n'avait pas l'air d'être une zone faite pour pique-niquer.

Mais petit à petit, ma famille a sorti une grande bâche blanche pour la mettre au pied de l'arbre et s'assoir dessus. Ils ont sorti des glacières et des boissons fraîches. Ils ont allumé un feu et coupé des pieux en bambou pour embrocher deux poulets. Mon frère est allé couper des feuilles de bananier avec un couteau pour faire office de plateaux sur lesquels poser la nourriture. Et le père d'une de mes belles-soeurs a apporté deux hamacs pour les installer sur les arbres autour de nous.

Tout d'un coup, cet endroit qui ne ressemblait à rien s'est transformé en pique-nique convivial. Nous avons été impressionnés de la simplicité avec laquelle ils avaient tout installé, de la manière dont ils se débrouillaient avec ce qui était présent autour d'eux et de la convivialité facilement créée par le fait de se retrouver tous réunis, assis autour de la nourriture.

C'est le pique-nique le plus sauvage que nous ayons jamais fait de notre vie. Nous avions l'impression d'être comme des hommes de Cro-Magnon à manger avec nos mains. Mais la nourriture était délicieuse, les enfants couraient et jouaient autour de nous et nous pouvions faire la sieste à l'ombre des arbres. C'était simple, et vrai.

On s'est rendus compte à quel point nous étions ignorants et peu inventifs. Etre capable de se nourrir simplement, de composer avec la nature autour de soi, ou même de couper correctement des branches, de la viande ou des fruits sont des savoir-faire que nous n'avons pas. On a réalisé que nous ne serions pas capables de survivre 24h dans la nature si un jour, notre société s'effondre.

La richesse, c'est aussi savoir se débrouiller et profiter de la vie avec peu de choses.

La valeur famille

L'autre chose qui m'a marquée, c'est l'importance de la famille au Vietnam, et peut-être encore plus à la campagne.

Dans ma famille, tous mes frères et sœurs vivent quasiment dans le même village ou les alentours, pour pouvoir prendre soin les uns des autres, et en particulier des parents.

Mon père, qui a 80 ans, semble affaibli et parle très peu. Je le vois passer une grande partie de l'après-midi à faire la sieste. Mais il est là, parmi nous. Il mange avec nous à table, ses yeux sont parfois rieurs, et la famille prend soin de lui.

J'ai également un frère, dont la situation semble plus précaire que les autres, qui passe beaucoup de temps près de nos parents. Sa maison est construite à côté d'eux et est très sommaire. Il n'y a que deux pièces pour sa femme et ses 5 enfants. Les murs sont construits en parpaings sans revêtement et le toit est en tôle. Les autres membres de la famille se moquent gentiment de lui car il n'arrive pas à gagner de l'argent et à le conserver. Mais la famille l'aide quand même et je sens qu'elle ne l'abandonnera pas.

Sa femme aussi passe beaucoup de temps à cuisiner et prendre soin de nos parents. Il y'a donc comme un échange tacite entre eux : les parents subviennent financièrement aux besoins du fils, et le fils et sa femme s'occupent d'eux.

Je me rends compte de la force d'être dans une famille, certes nombreuses, où tous les membres s'entraident et se soutiennent coûte que coûte, parce que c'est sacré.

Cela apporte un tel sentiment de sécurité de savoir que notre famille sera là pour nous, peu importe les aléas de la vie. Un sentiment que beaucoup de personnes n'ont pas en France, à cause de relations familiales dégradées, qui mettent les gens dans des situations d'isolement et de fragilité.

Notre richesse ne se trouve pas forcément dans nos biens matériels mais dans la solidité des liens avec les personnes qui nous entourent.

L'herbe est toujours plus verte ailleurs

De mon point de vue extérieur, en ayant grandi en France, dans un mode de vie citadin et individualiste, je me suis rendue compte des richesses que les membres de ma famille avaient et que nous avions perdu.

Mais eux ne semblent pas avoir conscience de cette richesse. Ma famille m'a donné à l'adoption pour que je puisse avoir la chance de grandir en France et avoir une vie "meilleure" que la leur.

Et ils ont toujours cette vision idéalisée du style de vie occidental. Ma famille m'a parlé d'une des mes nièces qui est passionnée par la pâtisserie et aimerait vivre en France. Ils m'ont demandé si je pouvais l'aider à se marier à un Français.

Mon frère, celui dont la situation est précaire, nous a posé beaucoup de questions pour savoir comment aller travailler en France. Il voit la France comme une terre d'opportunités. Mais il ne semble pas se rendre compte de la difficulté que cela représenterait pour lui de vivre là-bas. Il ne parle ni Anglais ni Français et il est un travailleur peu qualifié. En France, les étrangers peu qualifiés ont des situations parfois proches de l'esclavage. Il serait sûrement déçu de l'accueil qu'on lui ferait et sa situation resterait précaire, avec l'isolement en plus.

En idéalisant la France, ils n'ont pas conscience de la douceur de vivre qu'ils ont au Vietnam aujourd'hui.

Peu importe où nous soyons dans le monde, nous avons toujours l'impression que l'herbe est plus verte ailleurs et nous ne réalisons pas la chance que nous avons déjà.

La quête illusoire de l'argent

Je constate aussi qu'il y'a une forme de confusion entre le développement et l'argent. Pour beaucoup d'entre nous, vivre dans un pays développé signifie vivre dans un pays "riche".

Vouloir développer son pays signifie donc l'aider à augmenter son PIB et fructifier son économie. Et vouloir développer sa famille ou se développer individuellement signifie alors s'enrichir, au sens de "gagner plus d'argent".

Ma famille vietnamienne a l'impression que vivre en France, c'est gagner plus d'argent. Et que le progrès de manière générale, c'est gagner plus d'argent.

Mais chercher à gagner de l'argent est pour moi une quête qui n'a pas de sens car l'argent n'est qu'un moyen. Ce n'est pas une fin en soi. Et en faisant de cette quête une fin, on risque de se perdre.

Gagner plus d'argent, mais pour quoi faire ? Beaucoup de personnes rêvent de gagner au loto ou de voir leur salaire augmenter mais ne réfléchissent pas vraiment à ce qu'elles voudraient faire de cet argent ensuite. Parfois, gagner plus d'argent amène aussi plus de problèmes car on ne sait pas comment gérer cet argent matériellement et psychologiquement.

Or, il existe beaucoup de manière de se développer sans forcément gagner plus d'argent : on peut se développer par l'éducation, par la connaissance de soi, la spiritualité, les relations, le sport, les expériences... Il y'a tant de choses qui peuvent nous nourrir et nous apporter une forme de "richesse" sans que cela soit lié au nombre de chiffres sur notre compte en banque.

Nous devons redéfinir ce que signifie la richesse en lui donnant une acceptation plus large que juste l'accumulation d'argent.

Trouver le juste équilibre

Je crois que nous pouvons mesurer la valeur de ce que nous avons lorsque nous pouvons comparer avec ce qui se fait ailleurs.

Je mesure les richesses de ma famille vietnamienne parce que j'ai eu le privilège de vivre en France, de voyager dans plusieurs pays et de pouvoir faire cette comparaison. Alors qu'eux n'ont jamais quitté le Vietnam et ont peu voyagé au sein de leur pays. Ils ne peuvent donc pas voir ce que je vois.

Je ne peux pas non plus nier que leur désir de se développer soit légitime. Je comprends leur envie d'améliorer leur situation, ne serait-ce que pour avoir des logements plus confortables, financer les études de leurs enfants ou pouvoir se permettre de voyager.

Je leur souhaite donc de pouvoir se développer, ne serait-ce que pour ces raisons. J'aimerais aussi pouvoir les aider si je le peux, ce serait une belle manière de partager mes privilèges et de me rendre utile. Mais j'aimerais le faire avec justesse. Je ne souhaite pas leur donner de l'argent, parce que je ne sais pas de quelle manière ils l'utiliseraient et parce que cela risquerait de dénaturer l'authenticité de la relation encore fragile que je commence à construire avec eux.

J'aimerais donc les aider à se développer autrement, d'une manière plus juste, plus intelligente peut-être, ou plus pérenne. Et j'aimerais les aider à trouver un équilibre entre développement et croissance superficielle. Je leur souhaite de se développer sans perdre leurs racines, leur culture et les valeurs qui rendent leur mode de vie actuel précieux. Je leur souhaite de se développer sans se faire aveugler par la quête illusoire de l'argent, du "toujours plus", sans se faire influencer par ce que la société nous fait croire que nous devons poursuivre pour nous sentir dignes d'être aimés.

C'est pourquoi il ne peut y avoir selon moi de développement sans conscience. Nous avons besoin de conscience pour maîtriser ce développement et respecter les limites qui sont justes. Malheureusement, nos sociétés modernes ont échoué dans cet exercice. Nous nous sommes développés sans nous préoccuper des conséquences que cela aurait sur la planète. Nous souffrons de cet hyper-développement sur tous les aspects puisque nous sommes en train de nous auto-détruire. Nous avons gagné en confort mais nous avons perdu en sagesse.

Il ne peut y avoir de réel développement sans conscience. Les deux doivent aller de pair.

C'est fini pour aujourd'hui !

Qu'avez-vous pensé de cette newsletter ? N'hésitez pas à m'écrire, je suis ravie de continuer à échanger sur ces réflexions.

Pour la fin, voici une photo de moi le jour de mon anniversaire avec ma famille. A la semaine prochaine !

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